Les personnels de l’Education nationale à l’épreuve du télétravail

Si le gouvernement feint de maitriser la situation, il ne contrôle pas grand-chose en réalité et tente de faire bonne figure. Surtout, en proposant de voter une loi d’urgence sanitaire, il s’attaque au
code du travail et impose une nouvelle régression aux salarié·es.

Dans notre secteur, les tergiversations du ministre ont plongé les personnels dans un profond désarroi laissant les hiérarchies intermédiaires émettre, parfois, des injonctions dangereuses et contradictoires.

Continuité pédagogique et scolaire

 

LA CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE, ÇA N’EXISTE PAS !

Puisque rien n’avait été organisé pour la « continuité pédagogique », contrairement aux annonces de JM Blanquer, tout le monde s’est retrouvé dans une situation ubuesque au début du confinement.

Dans le second degré, les enseignant·es n’ont pas réussi à se connecter aux supports institutionnels habituels, les serveurs étant bien évidemment saturés.

Dans le premier degré, les personnels ont dû faire face à l’absence de supports informatiques permettant de maintenir un lien avec les familles.

Face à cela, la hiérarchie a trop souvent demandé aux collègues de créer en urgence des listes de diffusion ou d’ouvrir les écoles afin que les parents récupèrent le travail.

Tout ceci au mépris du danger occasionné par le contournement des règles de confinement…

On constate un accroissement des inégalités :

La maîtrise des outils et l’autonomie sont socialement très inégales.

D’autre part, les remontées des associations de parents d’élèves et les analyses des Professeur·es Principaux·ales font état d’une explosion de la charge de travail des élèves avec des devoirs s’ajoutant aux heures de « classe numérique ».

En définitive, la pseudo continuité pédagogique renforce les inégalités. Plus les élèves sont fragiles, moins ils·elles en bénéficient.

 

LES ÉLÈVES DES LYCÉES PROS : DÉCROCHAGE EN SÉRIE !

Le manque de matériel informatique dans les familles, le manque d’autonomie avec les outils numériques sont autant de facteurs qui expliquent le décrochage pour ces élèves qui sont issu∙es, dans leur grande majorité, de milieux défavorisés.

Surcharge de travail et pressions

L’enseignement à distance a été complètement improvisé à l’Éducation nationale. Sans cadrage, chacun·e s’est débrouillé·e avec ses propres outils, ses propres compétences et ses propres limites. D’où un surcroît de travail et de stress.

Des personnels sous pression

De nombreux·ses collègues ont été soumis·es à un excès de zèle de la part des chef·fes d’établissement.

Certain·es ont en effet demandé aux AED, aux AESH et aux personnels administratifs d’être présent·es sans raison.

Certain·es ont demandé que soit notifié par écrit un emploi du temps des heures passées en télétravail, d’autres ont exigé que les enseignant·es rentrent en contact (avec leur propre téléphone et au mépris de la protection des données) avec chaque élève, avec un questionnaire précis sur le travail des élèves, instaurent des cours en visio-conférence.

À cette pression hiérarchique s’est parfois ajoutée une pression des familles, inquiètes des éventuels retards dans les apprentissages.

Face à la situation, de trop nombreux·ses collègues se sont senti·es prisonnier·ères du zèle et des attentes.

Personnels ATSS-TRF :

Culpabilisation des agent∙es qui ne sont pas en télétravail par des mails adressés à l’ensemble de l’équipe rappelant l’intégralité des missions à accomplir comme si rien ne se passait et faisant appel au volontariat…

Appels au domicile de certain∙es agent∙es non télétravailleur∙euses pour les inciter à venir à tour de rôle sur leur lieu de travail parce qu’il n’est pas « normal qu’ils restent chez eux à ne rien faire ».

Dans d’autres cas, pour les collègues en télétravail, ils ou elles continuent à travailler au delà de leurs horaires normaux, voire le week-end…

Il est du ressort du ou de la chef·fe d’établissement ou de service de garantir la santé et la sécurité des agent·es et de leur refuser de se déplacer et de se mettre ou de mettre d’autres personnes qui seraient d’astreinte en danger.

Il est également du ressort de la hiérarchie de prévenir les agent∙es des conditions à respecter pour exercer le télétravail : droit à la déconnexion, respect des horaires, pauses régulières pour respecter la réglementation du travail sur écran…

Nous rappelons que les personnels qui ont des enfants de -16 ans bénéficient eux-aussi d’une autorisation spéciale d’absence et ne sont donc pas soumis au télétravail.

Pour la CGT Éduc’action, ENSEIGNER c’est en PRÉSENTIEL !

Non :

  • aux pressions sur les personnels et élèves ;
  • aux politiques d’austérité et aux suppressions de postes ;
  • au creusement des inégalités.

Oui :

  • à la prise en compte pleine et entière du travail à distance effectué par tou·tes les agent∙es durant cette période ;
  • à la suspension des nouveaux apprentissages pendant le confinement ;
  • à la reconnaissance du service public d’éducation et aux revalorisations salariales

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